vendredi 28 avril 2017

Il faut se méfier de son intuition ...





La réponse qui paraît le plus intuitive n'est pas toujours la bonne ...

Je vais vous poser trois questions. Essayez d’y répondre.

Première question : une raquette et une balle de ping pong coûtent 1 dollar 10. Sachant que la raquette coûte 1 dollar de plus que la balle, combien coûte la balle ?

Vous avez trouvé ? La réponse qui vient spontanément à l’esprit est 10 cents. Malheureusement, elle est fausse … Si la balle coûtait 10 cents et que la raquette coûtait 1 dollar de plus que la balle, la raquette coûterait 1 dollar 10. Le total serait donc de 1 dollar 20 et non de 1 dollar 10 ! En fait, la balle coûte 5 cents, la raquette coûte 1 dollar et 5 cents … et le total fait donc 1 dollar 10.

Deuxième question : il faut 5 minutes à 5 machines pour fabriquer 5 chemises. Combien de temps faut-il à 100 machines pour fabriquer 100 chemises ?

Ici, la réponse qui vient spontanément à l’esprit est 100 minutes. Elle est fausse … S’il faut 5 minutes à 5 machines pour fabriquer 5 chemises, il faut 5 minutes à 100 machines pour fabriquer 100 chemises (ou à 1 machine pour fabriquer 1 chemise …).

Troisième (et dernière) question : des nénuphars poussent dans un lac. La surface qu’ils occupent double chaque jour. S’il faut 48 jours pour que les nénuphars couvrent toute la surface du lac, combien de jours faut-il pour qu’ils couvrent la moitié de cette surface ?

La réponse qui vient spontanément à l’esprit est 24 jours. Elle est fausse. S’il fallait 24 jours pour que les nénuphars couvrent la moitié du lac, il faudrait 25 jours pour qu’ils couvrent tout le lac (et non pas 48 jours). La bonne réponse est donc 47 jours.

Shane Frederick a fait passer le test à près 3.500 étudiants américains. Les étudiants du MIT ont obtenu les meilleures résultats (2,18 réponses exactes en moyenne) loin devant ceux de Harvard (1,43 réponses exactes en moyenne) ou de l’université du Michigan (0,83 réponses exactes en moyenne).

Ce test est parfois utilisé pour mesurer le QI ... mais il montre surtout qu’il faut se méfier de son intuition. Avant de prendre une décision, mieux vaut y réfléchir à deux fois. La réponse la plus intuitive n’est pas toujours la bonne !

Source : Frederick, S. (2005), “Cognitive reflection and decision making”, Journal of Economic Perspectives, 19(4), 25-42.

mardi 18 avril 2017

Comment choisir le meilleur dirigeant ?






Une entreprise qui est le dos au mur doit choisir un dirigeant très différent d'une entreprise qui se porte bien ...

On peut distinguer deux types de dirigeants :
  • les dirigeants « filtrés ». Ils sont issus du sérail et ont suivi un processus de sélection rigoureux pour obtenir leur poste de PDG. Dans la plupart des cas, ils travaillaient déjà dans l’entreprise avant de prendre sa tête ;
  • les dirigeants « non filtrés ». Ce sont des des « outsiders » qui doivent parfois leur poste de PDG à la chance. Ils ont moins d’expérience que les dirigeants « filtrés » et n’ont pas nécessairement travaillé dans l’entreprise avant d’être propulsé à sa tête.

Quels dirigeants obtiennent les meilleurs résultats ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il s’agit des dirigeants « non filtrés ». Pour connaître le succès, une entreprise doit avoir une stratégie ambitieuse et différente de celle de ses concurrents. Ce type de stratégie est généralement l’apanage des dirigeants « non filtrés » … car ils sont beaucoup moins conformistes que les dirigeants « filtrés ». Mais les dirigeants « non filtrés » sont aussi ceux qui obtiennent les pires résultats. Si une entreprise ne peut pas connaître le succès sans une stratégie ambitieuse et différente de celle de ses concurrents, le résultat n’est jamais garanti …

Une entreprise a-t-elle plutôt intérêt à opter pour un dirigeant « filtré » ou pour un dirigeant « non filtré » ?
  • si l'entreprise est le dos au mur, elle a plutôt intérêt à opter pour un dirigeant « non filtré ». Même si le résultat n’est pas garanti, c’est le seul moyen d’éviter la faillite. Un bon exemple est celui d’IBM dans les années 1990. En proie à de grandes difficultés, l’entreprise a recruté Lou Gerstner … un dirigeant qui n’avait jamais travaillé dans le secteur informatique. En quelques années, il est parvenu à redresser l’entreprise ;
  • si l'entreprise se porte bien, elle a tout intérêt à choisir un dirigeant « filtré ». Il ne fera pas forcément d’étincelles … mais il ne mènera pas non plus l’entreprise à la faillite. Après le décès de Steve Jobs, Tim Cook (l’ancien Directeur des opérations) a été nommé PDG d’Apple. Pourquoi prendre le risque de faire appel à un « outsider » lorsqu’on est déjà l’une des entreprises les plus rentables au monde ?

En bref, le dirigeant idéal n’existe pas ... mais plus une entreprise est le dos au mur, plus elle a intérêt à opter pour un dirigeant « non filtré » …

Source : Mukunda, G. (2012), Indispensable: When leaders really matter, Harvard Business Press.