jeudi 15 septembre 2016

La véritable histoire du Post-It




La véritable histoire du Post-It est très différente de celle que l'on raconte habituellement ...

La plupart des gens connaissent l’histoire du Post-It. Ce produit révolutionnaire aurait été inventé (par erreur …) par un chercheur de l’entreprise 3M qui cherchait à mettre au point une colle extra-forte. Le Post-It serait donc un parfait exemple de sérendipité : l’art de trouver ce qu’on ne cherchait pas !

Malheureusement, cette histoire est fausse. Spencer Silver, un des chercheur à l’origine du Post-It, travaillait effectivement sur un projet de colle extra-forte lorsqu’il mit au point une colle « qui ne collait pas ». Mais ce n’est pas lui qui a inventé le Post-It ! Le Post-It a été inventé quelques années plus tard par Art Fry, un autre chercheur de 3M. Art Fry avait l’habitude de chanter dans la chorale de son église et il était frustré que les marque-pages ne tiennent pas dans son livre de chant. Il se remémora la colle « qui ne collait pas » de Spencer Silver … et l’utilisa pour créer le Post-It.

Dans ses recherches, Carol Dweck distingue deux types d’individus. Les individus qui ont une mentalité fixe (« fixed mind-set ») pensent que le talent est inné. Ils vivent très mal les échecs … car ils les perçoivent comme une remise en cause de leur talent. Les individus qui ont une mentalité de développement (« growth mind-set ») pensent que le talent peut s’acquérir. Pour eux, les échecs sont avant tout un moyen de progresser.

Les recherches les plus récentes de Carol Dweck suggèrent que cette logique s’applique également aux entreprises. Les entreprises qui ont une mentalité fixe recrutent en priorité des « stars ». Elles ne font pas confiance aux autres employés et sanctionnent impitoyablement leurs échecs. Les entreprises qui ont une mentalité de développement ne sont pas autant obnubilées par les « stars ». Elles veulent faire progresser tous leurs employés … et elles savent que cela passe souvent par les échecs.

En bref, on ne peut pas innover sans mener d’expérimentations. Les échecs sont donc inévitables … Dans une entreprise avec une mentalité fixe, Spencer Silver n’aurait pas parlé de sa colle « qui ne collait pas » … et le Post-In n’aurait jamais existé !

Sources :
Dweck, C (2006), Mindset: The new psychology of success, Random House.
Dweck, C. (2014), “Talent: How companies can profit from a "Growth Mindset”, Harvard Business Review, November, 28-29.

vendredi 2 septembre 2016

L'innovation : des termites à Steve Jobs !




Pour innover, il faut faire le lien entre des choses qui ne sont pas liées ...

Mick Pearce est architecte. Il s’intéresse également à l’écologie. Au début des années 1990, il accepte de travailler sur un projet d’immeuble de bureaux à Harare, la capitale du Zimbabwé. Le cahier des charges stipule que le bâtiment ne doit pas utiliser l'air conditionné ! Comme l’a raconté Frans Johansson, Pearce parvient à relever le défi … en s’inspirant du système de ventilation des termitières.

Les termites des plaines africaines se nourrissent d’un champignon qui a besoin d’une température constante pour se développer. Comment maintenir une température de 31° à l’intérieur de la termitière … alors que la température extérieure varie de 3° (la nuit) à 42° (le jour) ? Les termites utilisent une technique ingénieuse. Elles percent des trous qui permettent à l’air de rentrer dans la termitière. L’air est dirigé vers de la boue humide. Une fois refroidi, il remonte vers le sommet de la termitière. Pour réguler la température, les termites bouchent les orifices existants ou en percent de nouveaux.

Le bâtiment créé par Pearce est inauguré en 1996. Il utilise un système de régulation passive de la température. La nuit, l’air froid s’engouffre dans des puits d’aération. Il est utilisé pour refroidir le bâtiment pendant la journée. Grâce à ce système, le centre Eastgate ne consomme que 10% de l’énergie utilisée par les bâtiments comparables. Comme il ne comporte pas de climatisation, le coût de la construction a également été considérablement réduit...

Comme le disait souvent Steve Jobs : « creativity is connecting things ». Pour innover, il faut être capable de faire le lien entre des choses qui ne paraissent pas liées. On ne peut pas y parvenir si l’on ne se familiarise pas avec des domaines d’activité très différents. Dans le cas de Steve Jobs, cela a été la calligraphie, la méditation … mais aussi l’art du détail de certains constructeurs automobiles. Dans le cas de Mick Pearce, cela a été l’architecture et l’écologie. Et dans votre cas ?

Source : Johansson, F. (2006), The Medici effect, Harvard Business School Press.