Les fusions permettent-elles aux entreprises d’améliorer leur performance boursière et économique ? Les résultats des études menées sur le sujet sont très décevants … et on peut se demander pourquoi les fusions sont toujours aussi nombreuses.
L’influence des fusions sur la performance boursière et économique
Dans une « méta-analyse », David King, Dan Dalton, Catherine Daily et Jeffrey Covin ont synthétisé les résultats de près d’une centaine d’études académiques portant sur plus de 200.000 fusions (!).
A court terme, ils ont observé des effets bénéfiques sur la performance boursière. Le jour de l’annonce d’une fusion, le cours de bourse d’une entreprise qui est rachetée augmente de manière très significative. Le cours de bourse de l’entreprise qui la rachète a également tendance à augmenter … mais de manière moins marquée. Ces résultats suggèrent que les marchés s’attendent généralement à ce que les fusions génèrent des synergies.
C’est par la suite que les choses se gâtent. Quelle que soit la mesure de performance utilisée, les synergies anticipées par les marchés le jour de l’annonce d’une fusion ne se matérialisent quasiment jamais … A long terme, l’impact moyen des fusions sur la performance boursière (cours de bourse !) et économique (Return on Sales, Return on Assets et Return on Equity) des entreprises qui les réalisent est nul. Il est même négatif pour certains indicateurs de performance économique comme le ROA un an après l’annonce de la fusion ...
Y a-t-il des différences selon les fusions ?
King, Dalton, Daily et Covin se sont alors demandé s’il existait des différences selon les fusions. En particulier, ils ont fait l’hypothèse que quatre types de fusions étaient plus susceptibles d’être couronnés de succès que les autres :
- les fusions effectuées par des conglomérats … car ils sont censés s’y connaître en matière de fusions
- les fusions « liées » … car elles concernent des entreprises opérant dans des domaines d’activités similaires ;
- les fusions payées en « cash » … car elles sont censées indiquer que l’entreprise qui en rachète une autre croit réellement dans les chances de succès de la fusion ;
- les fusions effectuées par des entreprises qui en ont déjà racheté beaucoup d’autres … car elles ont accumulé beaucoup d’expérience.
Une fois de plus, les résultats sont peu encourageants. Aucun des quatre facteurs présentés ci-dessus n’a d’influence significative sur les chances de succès d’une fusion. Si certains facteurs permettent de discriminer les « bonnes » et les « mauvaises » fusions, ils restent à identifier …
Pourquoi les dirigeants s’acharnent-ils à fusionner ?
Le chiffre le plus souvent avancé est que plus des deux tiers des fusions sont des échecs. Ces échecs font régulièrement la une de la presse. Ils conduisent parfois les dirigeants à la démission. Pourquoi continue-t-on alors à observer autant de fusions ? Un facteur psychologique nous semble jouer un rôle crucial …
Si l’on revient aux fondamentaux, une fusion est un succès lorsque les synergies qui résultent de la combinaison de deux entreprises sont supérieures à la prime d’acquisition payée par l’entreprise qui rachète l’autre. Même si les dirigeants savent que la plupart des fusions échouent, ils s’acharnent à vouloir fusionner parce qu’ils pensent être capables de faire mieux que ceux qui ont tenté l’expérience avant eux. Ils ont tendance à surestimer les synergies et à payer des primes d’acquisition trop élevées … un exemple classique d’excès de confiance.
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